Fantasmata
Métal, écran, ordinateur, logiciel spécifique – 170*40*10 cm. 2021
Les caractéristiques cinétiques des mouvements de deux danseurs ont été préalablement enregistrées par l’ordinateur (motion capture). Les données informatiques obtenues sont recomposées rythmiquement et aléatoirement en temps réel pour expérimenter sans fin la mise en relation du mobile et de l’immobile. Tension, translation, relâchement, bond, glissement… La pulsation du balancier contrôle la vélocité des silhouettes dans toutes les modalités possibles de passage de la pause au mouvement et inversement. La sculpture émet un bruit d’horloge. Des complications surviennent si les spectateurs se mettent à bouger en rythme avec le balancier: des sons mécaniques additionnels crée une polyrythmie aléatoire à laquelle réagisse les danseurs en créant une chorégraphie complexe. A d’autre moment, le son s’interrompt et les silhouettes se mettent à évoluer de manière extrêmement lente et de concert.
La «Bassedanse» est une danse de couple, lente et majestueuse, qui se pratiquait dans l’aristocratie européenne du XVeme siècle. Sa chorégraphie s’organise autour d’une figure très particulière, appelée «Fantasmata», qui consiste en un arrêt momentané, une pause pendant laquelle le corps reste suspendu entre l’accomplissement d’un mouvement et l’appréhension de celui qui va venir. La figure commence par un soulèvement du corps juste avant que la plante du pied se pose au sol et marque le temps. Une fois le mouvement terminé, un bref arrêt précède un nouveau relèvement.
Domenico da Piacenza, maître à danser de la renaissance italienne, décrit ainsi l’intention qui doit guider l’exécution du fantasmata: «…devenir pierre en un instant, comme celui qui aurait vu la tête de Méduse, puis, l’instant successif, s’envoler subitement comme le ferait un faucon qui plonge sur sa proie…»
Pour Marina Nordera, professeur en danse ancienne, Da placenza utilise ces métaphores pour «attirer l’attention du danseur sur le flottement subtil entre l’immobilité et l’initiation du mouvement. Cet instant pendant lequel le corps se fait vide et est traversé, comme par un souffle, par des images perceptives et dynamiques préservées par la mémoire»
Ainsi le fantasmata ne décrit pas un passage à l’inerte, mais désigne «l’ensemble des différences pensables entre le mobile et l’immobile : la coupure qui les sépare, la résonance qui délicatement les lie, l’instant où chacun s’apprête à muer pour devenir l’autre, le geste transitionnel qui autorise le passage de l’un à l’autre.»(Nicole Brenez).
Fantasmata - Projet d'installation
Structures métalliques, vidéoprojection, logiciel spécifique.


Trois silhouettes de danseurs esquissent une chorégraphie au rythme de trois balanciers.
Préalablement, on a demandé à des danseurs d’évoluer de façon fluide et continue devant une caméra. Les caractéristiques cinétiques de leurs mouvements ont été enregistrées par l’ordinateur (motion capture). Dans «Fantasmata», Les données informatiques obtenues sont recomposées rythmiquement et aléatoirement en temps réel pour expérimenter sans fin la mise en relation du mobile et de l’immobile. Tension, translation, relâchement, bond, glissement… La pulsation rythmique de chaque balancier contrôle la vélocité de la silhouette qui lui est asservie, ceci dans toutes les modalités possibles de passage de la pause au mouvement et inversement.
Chaque sculpture émet un bruit d’horloge. La légère désynchronisation des trois balanciers génère une polyrythmie sonore évolutive. Quelquefois, des complications surviennent en interaction ou non avec les spectateurs : le son des balanciers s’interrompt et les silhouettes se mettent à évoluer comme si elles étaient en apesanteur, de manière extrêmement lente et de concert… A d’autres moment, des sons mécaniques additionnels sont émis par les balanciers et la chorégraphie se complexifie… Alors que des relations différentes se créent entre les trois silhouettes, la perception du temps par les spectateur se modifie.