Les têmoins (Fukushima 1)

Acier, maillechort, bois, papier calligraphié, électronique analogique. 3 unités de 200*20*30 cm

J’ai laissé la colère. Je voulais juste exprimer une empathie. J’ai donc cherché un médium des plus délicats en m’inspirant de l’Ikebana, du Sumi-e, ainsi que d’un souvenir d’enfance qui m’est cher: celui des sculptures cybernétiques de Peter Vogel. Il a fallu apprendre. Cela à donc été assez long. Suffisamment long pour que, de tout ce que je croyais vouloir dire, il ne reste qu’une trentaine de mots articulés par trois témoins.

L’enfant ne sait pas
Ce qu’a vu le père
Qui ne voit pas
Ce que vivra l’enfant.
Ils avancent
aveugles.

Le tonnerre se tenait là
A l’intérieur du silence
et de l’ignorance.

L’avenir nous échappe
comme l’eau s’écoule
et les larmes de Fukushima
deviennent océan.

Les trois «témoins» sont des monolithes en métal de deux mètres de haut qui empruntent à l’esthétique des kakemonos (affiches verticales japonaises). Chaque «témoins» sera le support d’un texte très court en rapport avec l’érosion de la conscience du risque et ses conséquences. Au devant de chaque texte calligraphié en japonais (sur les panneaux blancs), se tient une sculpture électronique. Les lumières et les sons que ces sculptures émettent illustre le texte d’une façon symbolique. L’esthétique des circuits, dont les composants sont directement soudés les uns aux autres, rappelle graphiquement le sumi-e. Ces trois «témoins» sont des récitants. Ils évoquent la catastrophe à partir de texte et d’évocations stylisées. Par les lumières et les sons électroacoustiques qu’ils émettent (parasites, claquement et grondements plus ou moins aléatoires), ils se complètent et forment un choeur asynchrone.