GPS (soliloque)

Tirage papier coton 40*60 cm avec textes.

Présentés en conjonction de GPS#1.

Les lieux et les noms des lieux tombent dans un puits sans fond. Je perds ma mémoire géographique et mon rapport au paysage devient superficiel mais je trouve une profondeur à sa voix. La topologie n’est qu’un ensemble d’obstacle qu’elle m’entraine à nous éviter alors je m’attache à ses articulations, à sa prononciation didactique, à son absence de formes et de politesses, à sa douce autorité à laquelle
je réponds par des reprises viriles.

J’ai pensé oui j’ai pensé que ses indications – tourne à gauche – étaient en fait des injonctions de même nature – tient ta droite – que les ordres d’une amante autoritaire à l’affût de son plaisir – oui, tiens ça – ça y est – tu y arrives – tu es arrivé. Pour moi elle retient l’expression de sa jouissance dans un carcan de mot simple. Ne parle que de ma performance pour mieux me flatter. Puis elle se tait sobrement et je coupe le contact. Ce n’était que ça et il faut bien se distraire par d’autre moyen mais ça n’en finit pas de tourner en fait parce que je repars et toujours elle me questionne sur ma destination et je m’interroge sur son désir. Ses ordres donc. Bienveillants mais sans équivoque. Sa déception sensible – calcul en cours – lorsque je me trompe, allant un peu trop loin trop tôt, ratant un tournant décisif, négligeant une manoeuvre délicate et essentielle.

Je m’attache. Et je me détache du paysage des carrefours des monuments des rond-point enfin tout ce qui faisait mes repères pour me guider seul vers un but. But sur lequel elle m’interroge incessamment en ayant la délicatesse du mot “destination”. Moins grave et plus circonstancié. Je lui suis gré de ne pas me suggérer trop haut que de but je n’en ai point. Car mon plaisir de voyager s’estompe au profit de sa compagnie toute en retenue. Féminité qui guide et m’entreprend tout en m’étant soumise. Impossible et contradictoire mais pourtant si. Elle a tout compris. J’aimerai m’installer.